Concrétions

Le visiteur est surpris par l’importance des concrétions déposées sur les parois de la canalisation en haut du pont du Gard et sur le radier au fond du canal. Sa surprise est d’autant plus grande que ces dépôts sont inexistants au départ, sur les vestiges de la vallée de l’Eure, jusqu’à la commune d’Argilliers ( à une dizaine de kilomètres des sources).
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Le mécanisme

Il est apparament simple. Il s’agit d’une transformation chimique instable et temporaire du calcaire de la garrigue (carbonate de calcium) associée à un transport par l’eau jusqu’à l’aqueduc où les choses se remettent dans l’ordre : le carbonate de calcium se reforme, ce sont les concrétions.

  1. Dissolution du carbonate de calcium+ combinaison avec le carbone de la nature + pression donne bicarbonate de calcium soluble.
  2. Circulation dans l’aqueduc, sous la pression atmosphérique, de l’eau sursaturée de bicarbonate, libération du gaz carbonique, « reformation » du carbonate de calcium insoluble, qui se dépose sous la forme de concrétions.

La seconde phase qui correspond au passage du bicarbonate de calcium au carbonate demande du temps, une quarantaine de minutes selon des hydrologues, ce qui expliquerait l’absence de concrétions sur les 10 premiers kilomètres du parcours.

On distingue plusieurs types de concrétions : à l’intérieur de l’aqueduc ce sont  les concrétions laminées et les concrétions terrigènes, à l’extérieur, les dépôts pariétaux, les amas liés aux fuites (causées par les hommes ou accidentelles).

  • Les concrétions laminées.

Pendant la période du bon fonctionnement de l’aqueduc, l’eau limpide circulait et déposait des couches carbonatées parallèles, suffisamment claires pour informer sur les débits, la pluviométrie. Ce sont les concrétions  laminées.

  • Les concrétions terrigènes

     

    Après la période du bon fonctionnement, ce fut l’abandon progressif de l’aqueduc. Les végétaux croissaient dans les espaces qui n’étaient plus entretenus, les radicelles pénétraient au travers des fissures de la maçonnerie et atteignaient l’intérieur de la canalisation, si bien que les concrétions qui se formaient se mêlaient aux impuretés qui leur donnaient un aspect spongieux, grisâtre. Ce sont les concrétions terrigènes.    

Les concrétions, marqueurs d’une histoire

Néfastes à la vie de l’aqueduc, elles racontent pourtant bien des choses,

Néfastes

  • Elles réduisent la largeur du canal au risque de le boucher,
  • Elèvent le niveau de l’eau qui peut dépasser la partie hydraulique (les chanfreins),
  • Détériorent la canalisation,
  • Ralentissent le débit,
  • Alourdissent  la masse au-dessus du pont du Gard. On peut estimer à une centaine de tonnes, la masse des concrétions dans l’aqueduc, entre Saint-Maximin et Nîmes.

Intérêt et limites

  • Elles apportent des informations sur l’histoire de l’aqueduc, information qui supplée le manque de documents sur le monument.
  • Les concrétions laminées informent sur la durée du bon fonctionnement de l’aqueduc. Connaissant leur accroissement annuel en épaisseur, on peut établir une chronologie relative des événements : les périodes du bon fonctionnement de l’aqueduc, les arrêts (sans en indiquer la durée), la pluviométrie selon les époques, la nature des sources, l’existence éventuelle de sources annexes (ce qui ne semble pas être le cas pour l’aqueduc de Nîmes), la durée du fonctionnement dans la phase supposée être celle de l’abandon, la durée de vie de l’aqueduc.Cette coupe de l'aqueduc à l'aval même de la canalisation du pont du Gard Des travaux récents en aval de la canalisation du pont du Gard mettent au net, de droite à gauche : les claveaux qui constituent le piédroit, le béton de tuileau qui assurait l'étanchéité, plusieurs couches de concrétions laminées déposées au cours de la période optimale du fonctionnement de l'aqueduc, enfin une série de concrétions terrigènes, marqueurs de l'abandon de l'aqueduc.
Cette coupe de l’aqueduc à l’aval même de la canalisation du pont du Gard
Des travaux récents en aval de la canalisation du pont du Gard mettent au net, de droite à gauche : les claveaux qui constituent le piédroit, le béton de tuileau qui assurait l’étanchéité, plusieurs couches de concrétions laminées déposées au cours de la période optimale du fonctionnement de l’aqueduc, enfin une série de concrétions terrigènes, marqueurs de l’abandon de l’aqueduc.

Les concrétions terrigènes recouvrant leurs consoeurs laminées plus anciennes, ces dernières ne sont visibles que lorsque qu’il y eut rupture de l’aqueduc, pour créer un passage par exemple. Une belle coupe facile à trouver se situe à l’aval immédiat de la canalisation du pont du Gard.

Mais en revanche, elles ne racontent pas tout :
  • La faiblesse du dépôt -de 1 à 2 mm par an- ne permet pas de déceler un arrêt inférieur à 3 ou 4 mois,  ou une absence totale de dépôt due à un arrêt total de l’aqueduc
  • Le manque de précision des marqueurs d’isotopes radioactifs (L’aqueduc de Fréjus- Collectif, p. 164).
Autres formes de concrétions

On découvre aussi des nappes concrétionnaires  recouvrant les parois extérieures de l’aqueduc , elles sont dues aux fuites au travers d’une maçonnerie insuffisamment étanche, ainsi que des amas plus ou moins volumineux pouvant atteindre 200 mètres cubes, sur le bord gauche du troisième tronçon du pont Roupt. Leur formation répond à un déséquilibre de la réaction fondamentale évoquée ci-dessus. La question est complexe et ne peut s’expliquer en quelques lignes d’un site.
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