L’aqueduc dans la commune de Vers (pont du Gard exclu)

C’est sur des kilomètres qu’on peut suivre l’aqueduc dans la commune de Vers-Pont-du-Gard (que la municipalité a décidé d’orthographier  » Vers-Pont du Gard »). Un véritable musée.
L'aqueduc à Vers-Pont du Gard
Localisation. Carte IGN 2941 est, Remoulins – Pont du Gard
Itinéraire d’accès. Nous roulons maintenant sur la D 3 bis (Argilliers – Vers), en direction de Vers-Pont du Gard. A moins d’un kilomètre, un chemin part sur la gauche vers le mas des Chèvres (CV 103).

L’aqueduc à la Bourrache et à la Coste

Localisation. X = 774,8 ; Y = 3 188,9

Au carrefour de la route D. 5 bis et chemin du mas Chèvres, on peut découvrir des vestiges « d’un établissement gallo-romain » de type agricole,  mis au jour en 1985 (Benoit 1994) ». En contrebas, de l’autre côté du chemin, apparaît la paroi gauche épierrée de l’aqueduc. Deux cents mètres plus loin, en direction de Vers-Pont du Gard, au niveau du chemin vicinal 104, l’aqueduc apparaît dans la partie boisée de la colline, juste au-dessus de la vigne.

Dans la campagne de Vers-Pont du Gard, la visite de l’aqueduc est variée : des tranchées enterrées, un aqueduc en élévation sur des murs bahuts ou sur des arches de petites dimensions sans renfort, sur des arches plus importantes renforcées, certaines ouvertes, d’autres bouchées. On y trouve des concrétions sous toutes les formes, des draperies aux amas carbonatés, en passant par les stalactites et les stalagmites. Qu’il s’agisse des effets spectaculaires des  séismes ou de dépôts superficiels autour de végétaux calcifiés, tous ces indices sont passionnants. C’est encore à Vers qu’on trouve les deux parties de l’aqueduc couvertes de dalles : le tronçon du Clos de Mellet dans une propriété privée, donc inaccessible, et le pont du Gard.

Les arches biaises de Roc-Plan

Localisation. A proximité de la carrière exploitée par la société SILEX, à Vers-Pont-du-Gard (X = 775,4 ; Y =3 188,1).

Itinéraire. On y accède en voiture à partir du village. Se rendre devant les écoles publiques. Emprunter le chemin qui conduit aux carrières Pierre du pont du Gard. Il est facile de trouver le chantier de la SILEX. Les ponts dits de Roc-Plan se situent, le premier, à gauche du portail de la carrière, le second, 50m  plus loin à droite. Il s’agit de ponts-aqueducs à barbacanes dont les arches sont en biais par rapport à la canalisation qu’elles supportent. Le pont aval,  à une cinquantaine de mètres à droite du portail, franchit un autre vallon.

L’aqueduc au clos des Touillers, et à la Lône.

Le clos des Touillers

Localisation.  X = 776,28 ; Y = 3 187,18.

Le Clos des Touillers (tuiliers), en pleine garrigue, se situe à 300 m des piquets.  Arrivés au point de référence (les piquets sont un peu en avant, sur notre droite) suivre, vers l’est (notre gauche), un sentier étroit. L’endroit est reculé, la végétation assez abondante, les espaces dégagés réduits.

Dès l’arrivée, notre attention est attirée par  l’ouverture d’un regard, débarrassé de ses concrétions. Il  est placé à la charnière de deux tronçons dont les concrétions atteignent le haut de la voûte. Seules, quelques pierres  sont accrochées à la partie la plus haute, les autres ont été récupérées, en partie pour ériger des abris pendant la dernière guerre. Une dizaine de mètres plus haut, les archéologues ont prélevé une coupe de mortier de tuileau, partie intégrante de la structure de l’aqueduc.

Le Pont à arcades de la Lône

Localisation. Le pont de la Lône, se développe à partir de ce point de référence. Il suffit de dépasser les piquets pour atteindre, à 100 mètres, les premiers vestiges.

A partir du IIIe siècle, les  » rachalans », les “ brassiers ”, les pauvres, percèrent les parois de l’aqueduc abandonné pour irriguer leurs terres, ce qui donna naissance aux monumentaux dépôts calcifiés accolés aux arches.

C’est là que s’amorce la dépression qui précède la basse vallée du Gardon. L’aqueduc s’y présente en élévation sous la forme de pont à arcades.
A partir du point de référence, nous pouvons longer la première partie du pont par l’un ou l’autre côté.

– Par le sentier de droite. Après deux minutes de marche le long d’un talus qui recouvre l’aqueduc, nous apercevons sur notre gauche un bloc rocheux, très accessible. De près, tout paraît curieux. Des cavités aux faces planes laissent supposer l’existence ancienne d’un appareillage en bois supporté par des madriers ; des fibres fossilisées renforcent cette hypothèse. Un tapis de stalagmites tronquées révèle une activité de l’eau inattendue dans ce décor.

Cet amas de concrétions, mis au jour dans les années 80, est accroché au mur-bahut qui constitue l’essentiel de la culée nord du pont de la Lône. Du canal il ne reste que la base. Une ouverture a été pratiquée à ce niveau à un endroit favorable, sans doute un ancien regard de visite de l’aqueduc. L’eau libérée alimentait-elle un réseau d’irrigation important ou une installation hydraulique ?

Poursuivons notre parcours. Les premières arcades succèdent au mur-bahut. Elles ont été bouchées, pour mieux résister aux dégâts causés par l’eau du canal qui s’infiltrait au travers du radier peu étanche dit-on, ou pour mieux résister aux secousses sismiques. Les arcades restées ouvertes qui suivent sont souvent tapissées de draperies de concrétions accrochées à la voûte. Sous d’autres arcades, partiellement démolies, apparaissent des blocs de calcaire formés par l’eau d’infiltration.

Quelques dizaines de mètres plus loin, nouvel amas carbonaté, moins trapu mais plus haut que le premier. Il s’agit toujours de concrétions liées aux piqûres pratiquées sur l’aqueduc.

Plus bas, les arches sont bouchées par des murs latéraux. Les maçons qui les ont construits ont ménagé des “ trous d’homme ” voûtés sont comparables à ceux que les vignerons pratiquent de nos jours au bas de leurs cuves.

L’œil est attiré maintenant par un mur longitudinal d’un mètre de large environ et d’un mètre de haut qui court le long de l’aqueduc sur une centaine de pas. Selon des études récentes, l’aqueduc aurait subi les secousses de violents tremblements de terre, l’un d’eux pendant son fonctionnement. Les Gallo-Romains auraient réparé les dégâts, reconstruit les parois détruites, la couverture voûtée et conforté le monument par ce mur le long des arches. Mais un autre séisme, survenu quelques siècles plus tard aurait fait basculer la nouvelle paroi droite par dessus le mur de renfort. On la voit, étalée le long de l’aqueduc, la face interne, recouverte de concrétions terrigènes, tournée vers le haut. Des études complémentaires menées depuis 1994 ont donné lieu à la rédaction d’un livre : Archéologie et sismicité autour d’un grand monument le pont du Gard de J.-L. Fiches, B. Helly, A. Levret .

Ce tronçon présente successivement plusieurs centres d’intérêt :

Le Pont de Font-Ménestière

Localisation. Culée amont X = 776,18 ; Y = 3 186,57

Le pont à arcades de Font-Ménestière faisait suite à celui de la Lône : un grand pont de 300 mètres de longueur environ et d’une vingtaine de mètres de hauteur dans sa partie la plus élevée. Avec le pont de la Lône et le Pont Roupt, ils formaient un ensemble en élévation qui, sur un kilomètre, permettait à l’aqueduc de franchir la dépression qui sépare le plateau de la Lône du coteau de Martian.

On arrive à la voie ferrée construite pendant la seconde moitié du XIXe siècle pour transporter le charbon des mines du Martinet près d’Alès, jusqu’au port fluvial de Beaucaire, via Uzès et Remoulins. On monte sur le coteau à gauche en passant devant les assises des dernières arches du Pont de Font-Ménestière, avant d’atteindre, en haut du plateau, la culée nord du pont Roupt. C’est en remontant vers le Pont Roupt que nous avons découvert l’existence d’un tenon en bois.

Le pont Roupt prolonge le pont de Font-Ménestière. Il atteignait 18 à 19 m de hauteur et comportait deux étages d’arches dans sa partie centrale. C’est à partir de ce pont que l’on entre dans le site du pont du Gard.

L’aqueduc en amont du pont du Gard

Le pont Roupt

Localisation. Carte I.G.N. n° 2941 est-Remoulins Pont du Gard. Culée nord-ouest : X = 776,16 ; Y = 3 186,29

Origine du nom. Pont roupt signifie « pont rompu ». Ce mot d’origine provençale peut s’écrire : “pont rout”  (féminin routo) ou “pont roupt ” (féminin roupto).

Durée de la visite. Une demi-heure.

Le pont Roupt constitue le support bâti indispensable au maintien de l’aqueduc à sa cote des 65 m. Il se présente sous la forme de trois tronçons rectilignes mis bout à bout, chemin le mieux adapté aux contraintes de la topographie.

Implanté sur un sol plastique, il a moins résisté que les ponts de Bornègre et de la Lône aux colères de la nature et au pillage des hommes. Des vestiges, arches renversées, piliers basculés, tronçons de radier  mis à terre, arches bouchées et confortées selon l’axe principal, sont des indices d’événements perturbateurs.

Le premier tronçon commence par une culée qui assurait la jonction avec le pont à arcades de Font-Ménestière. Onze des quatorze arches de cette enfilade sont bouchées. La finition du bouchage attire l’attention. Il est en tout venant, mais le parement (la surface) est fait de moellons réguliers, bien taillés. On les distingue sur ces arches, sous les draperies carbonatées.

Construit à la limite d’un terrain plat à l’est et du versant à l’ouest, le deuxième tronçon  a souffert. Une arche seule tient debout, les autres sont renversées dans le dévers, à droite. Cette chute est-elle due à une secousse sismique ou à l’érosion ? La réponse n’est pas évidente, à cause de la pente importante, à droite, qui pourrait expliquer la destruction.

Au départ du troisième tronçon, sur la rive gauche, contre le pont, nous découvrons deux énormes amas carbonatés.

Le premier d’entre eux mérite un arrêt. Il s’est développé le long d’un mur de soutènement de l’arche, ce qui explique cette belle face plane à l’aplomb de l’aqueduc. Le second amas est le plus volumineux qu’on ait trouvé sur les 50 km de l’aqueduc (200 m3 environ). Ces amas se sont développés aux mauvaises jointures des canalisations pirates.

Ici les Romains  ont choisi délibérément la stratégie du contournement des reliefs. A la suite d’une arche bouchée, s’est développé un très gros pavé de carbonate (2 ou 3 m3), qui résulte d’une fuite du canal. En quittant le pont Roupt et le chemin de Martian, nous repassons sur la rive gauche et longeons un mur-bahut qui supportait l’aqueduc, aujourd’hui démoli, au pied de la colline.

Le Pont à arcades de Valive

Localisation du point central. Entre le pont Roupt et le pont du Gard X = 775,93 ; Y = 3 185,80).

Origine du nom. Il  signifierait, nous a-t-on dit “ vallée des oliviers »

Dans cet espace l’homme a fabriqué son paysage. Il exploitait les chênes verts mais il a aussi planté des arbres, des oliviers ; il a monté des murettes, des cabanes, des capitelles.

Deux amas carbonatés adossés à la paroi gauche laissent apparaître, dans la partie supérieure, la martellière pratiquée sur la paroi pour arroser les terrains situés en dessous. Dans la masse du second, le plus en aval, on distingue le négatif d’une pièce de bois, verticale dans la partie supérieure puis oblique dans la partie inférieure. Cet évidement semble correspondre à une canalisation d’arrosage piquée dans le canal.

Quelques piliers renversés, quelques arches effondrées. Tremblements de terre, mouvements de terrain ?

Le Bassin de régulation en amont du pont du Gard

Localisation  X = 776,17 ; Y = 3 185,03.

Il est situé au-delà du pont de Valive à 200 m avant le pont du Gard. Découvert en 1988, il devint rapidement un dépotoir qu’on a rebouché en 1993.

Le pont du Gard– Bien qu’entièrement situé sur la commune de Vers, nous réservons au pont du Gard, vu son importance,  une page à part dans notre site –

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