Les aqueducs romains des Alpilles ou « les petits ruisseaux font les grandes rivières »

Ce fut d’abord, à la suite d’un voyage organisé en 1946 par mon ancien instituteur Roger Jolivet, que je découvris la meunerie de Barbegal récemment interprétée à l’époque, par l’archéologue-historien Fernand Benoit, originaire de Valliguières. Je dus attendre de nombreuses années et rencontrer deux amateurs, MM. Blanchet et Tristan, pour découvrir les aqueducs des Alpilles, d’Arles et de Glanum. Plus tard, j’enrichissais mes connaissances à partir des écrits de Sandrine Boularot, de Jean-Louis Paillet et de Philippe Leveau, archéologues professionnels. Je les remercie tous. Les aqueducs des Alpilles  présentent un intérêt considérable dont on n’a encore pas éclairci toutes les  prémices. Si l’architecture a beaucoup parlé, si les concrétions déposées sur les parois témoignent d’un fonctionnement certain, l’histoire des sources, en revanche, dans ce pays provençal, reste encore mal connue.

Claude Larnac

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Trois aqueducs, l’aqueduc de Glanum et les deux aqueducs d’Arles. Ces derniers récupérant les eaux des gaudres, ces petits ruisseaux intermittents qui coulent souterrainement ou au fond des vallées qui séparent la chaîne principale des massifs isolés de l’Opiès, de Mollegès, du plateau de la Caume, d’Eygalières, de Saint-Etienne-du-Grès, de Saint Gabriel, de Fontvieille, de l’éperon des Baux, du mas de la Dame, d’Entreconque, des reliefs des Défens et d’Arcoule, du mont Gaussier et peut-être des marais de Nove.
Mais voilà que la source de l’aqueduc de Glanum  était située plus bas que la ville, ce qui amena les Romains à édifier un barrage, à la source, afin d’accumuler l’eau assez haut pour faire fonctionner l’aqueduc dans de bonnes conditions.
Les aqueducs d’Arles récupéraient, l’un les eaux du versant nord des Alpilles, l’autre celles du versant sud. Ils alimentaient ainsi la ville et fournissaient l’énergie nécessaire à la meunerie de Barbegal pour faire tourner ses meules.
Certes, le paysage a changé en 2000 ans. Nature et hommes y ont contribué. Les fissures calcaires ont bougé, certaines sources sont taries, les mines de bauxite ont modifié le substrat et le réseau hydraulique est modifié. Il est difficile maintenant aux hydrologues de décrire avec précision  le régime des sources d’antan.
Notre association assure, avec prudence, des visites le long de ces aqueducs sur lesquels les professionnels eux-mêmes, évitent d’être trop affirmatifs. Ils ne sont même pas certains que l’aqueduc nord n’ait pas été rallongé au-delà d’Eygalières, peut-être jusqu’aux marais de Nove, immense réserve d’eau.

Aqueduc de Glanum- En amont du barrage moderne, construit à l'emplacement du barrage romain. Le barrage est vidangé tous les dix ans pour assurer son entretien.

Aqueduc de Glanum- En amont du barrage moderne, construit à l’emplacement du barrage romain. Le barrage est vidangé tous les dix ans pour assurer son entretien.

Mais on éprouve toujours beaucoup de plaisir à voir et à revoir ce paysage aride, aux mille couleurs, où vécurent Michel de Notre-Dame, dit Nostradamus, Van Gogh, Jean Moulin et où l’homme fabriqua des cascades pour faire tourner la plus célèbre meunerie du monde romain, à une dizaine de kilomètres du port antique d’Arles qui fait toujours parler de lui.

Video réalisée par Claude Dordron et présentée par Jean-François Dufaud, sur le « restitution d’une roue de la meunerie de Barbegal« . Cette vidéo apparaît également comme un hommage aux découvreurs des aqueducs d’Arles et de la fonction du site de Barbegal : François Benoît, Maurice Pezet, Etienne Blanchet.

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