Site archéologique du Cailar et château d’Espeyran

Le site archéologique du Cailar

Après la conférence donnée par Réjane Roure à la Maison des Associations de Castillon du Gard, une visite du site est organisée en situ, pour un groupe de 30 personnes.
Réjane Roure travailles sur ce chantier depuis 2001, avec une campagne de fouilles chaque année.
La zone fouillée a permis de mettre au jour une portion importante d’une muraille qui bordait une zone d’activités occupée depuis le VIe siècle avant notre ère, jusqu’aux périodes romaine et moyenâgeuse.
Le site couvre une surface beaucoup plus importante, se prolongeant sous le cimetière le jouxtant et dans une large zone au delà. Des sondages, des prospections géo-radar et géophysique, ont laissé entrevoir une grande richesse archéologique de tout ce secteur.

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Le château d’Espeyran, commune de Saint-Gilles

Le comptoir lagunaire d’Espeyran
ou peut-être Rhodanousia ?

Ce comptoir lagunaire a été daté des environs de 525 avant notre ère. VIe siècle, comme les autres établissements, y compris Théliné, dixit Arles, dernier maillon de la chaîne vers le Rhône.
Observation étonnante, la prédominance, à partir du Ve siècle de l’emploi de la brique dans les constructions, contrairement aux autres sites, pour la même période.
Cet emploi est toutefois présent sur certains sites, mais dans la période archaïque, soit VIIIe et VIIe siècle.
Espeyran se situe sur la commune de Saint-Gilles, sur une langue de terre en avancée dans les marécages, un peu au sud du château d’Espeyran.
Cette zone est dénommée l’Argentière, à cause de la quantité de monnaies découvertes.
Le site s’étend sur plusieurs hectares, sur lesquels de nombreux restes antiques ont été trouvés.
Signalés au début du XXe siècle, il n’a, alors, pas fait l’objet de recherches plus approfondies.
Ce sera Guy Sabatier d’Espeyran qui, prenant conscience de l’intérêt du site, fera cesser toute l’exploitation agricole sur la zone la plus élevée du site.
C’est sur cette zone qu’un sondage sera effectué en 1961. Il attira à nouveau l’attention des services archéologiques en mettant au jour des constructions d’époque romaine.

Afin de protéger définitivement cet espace de grand intérêt, il fera don en 1964 de l’ensemble du domaine, y compris le château, aux archives de France, avec les objectifs de protection archéologique, de conservation du patrimoine historique de la biodiversité du parc et de faire du domaine un centre de conservation des archives nationales de micro-films et par extension aujourd’hui des données numérisées.

Ce sera en 1969 que sera entrepris une prospection magnétique, dans le but de déterminer l’extension du gisement.

Au vu des résultats, une campagne de sondages stratigraphiques sera initiée de 1969 à 1975.
Celles-ci donneront pour résultat par moitié des restes de l’époque romaine et par moitié des éléments pré-romains.

Les éléments relatifs à l’époque pré-romaine ont permis de déterminer une occupation depuis l’âge du fer, VIe siècle avant notre ère, avec découverte d’une grande quantité d’éléments d’origine diverses.

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Le repas

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La chaîne des comptoirs lagunaires de la côte occidentale méditerranéenne

Au cours de l’âge du Fer, les côtes méditerranéennes de la France sont occupées par un ensemble de populations qui sont installées dans cette région depuis probablement au moins le début de l’âge du Bronze.
À partir de la seconde moitié du VIIe siècle avant notre ère ces populations – appelées Celtes, Ibères ou Ligures dans les textes anciens – entrent en contact avec des marchands méditerranéens – Grecs, Étrusques, Phéniciens – venus commercer en Méditerranée nord-occidentale.

Ces échanges prennent une dimension nouvelle vers 600 avant notre ère avec la fondation de la cité de Marseille (Massalia) par des Grecs venus de Phocée.
Toute la frange méditerranéenne, que les Grecs nomment alors la Celtique, connaît à partir de ce moment-là un fort dynamisme économique. Il se traduit par un essor urbain sans précédent, marqué par le développement d’un dense réseau d’habitats, en particulier des comptoirs littoraux répartis tout le long des côtes du Languedoc et de la Provence, au débouché de chaque vallée fluviale.

On peut considérer, désormais que les populations de la Celtique méditerranéenne jouent un rôle beaucoup plus actif dans les dynamiques commerciales. Leurs comptoirs sont les interfaces où sont réceptionnées les marchandises méditerranéennes, et ils verrouillent, ou du moins contrôlent, l’accès à l’arrière-pays, que celui-ci soit proche ou lointain.

Ces habitats souvent lagunaires deviennent des lieux de rencontres de toutes les populations méditerranéennes et voient s’épanouir un riche multilinguisme. Du VIe au Ie siècle avant notre ère, l’ensemble de la Celtique méditerranéenne peut ainsi être considérée comme un Middle Ground. (Une zone d’entente, de rencontres, d’échanges)

Sur cette carte, le site du Cailar n’apparaissait pas, vu sa découverte seulement en 2001.

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L’oppidum de Puech-Maho

Il est situé sur la commune de Sigean (Aude), sur la rive droite de la Berre, à environ dix kilomètres à l’ouest du rivage actuel du Golfe du Lion et une vingtaine de kilomètres au sud de Narbonne.

Occupé à partir du milieu du VIe siècle avant notre ère, cet habitat littoral de dimensions réduites (1,5 ha

intra muros) a fonctionné durant un peu plus de trois siècles comme un débarcadère résolument tourné vers les échanges maritimes, mettant à profit sa position avantageuse en bordure d’une vaste lagune dont les étangs actuels de Bages-Sigean constituent les vestiges.
Le site a été découvert en 1913 par Henri Rouzaud. l’exploration systématique de l’oppidum préromain date ainsi de 1948 et s’est poursuivie de manière continue jusqu’en 1979.
La démesure de la fortification témoigne de l’importance du lieu.

La métallurgie du fer apparaît en effet comme une des activités principales de Pech Maho, du moins au IIIe siècle avant notre ère.
Dans le dernier quart du IIIe s. survint un événement brutal qui conduisit à l’abandon de Pech Maho. En effet, les fouilles ont mis en évidence un incendie accompagné d’une destruction ayant affecté une grande partie du site, figeant bon nombre de bâtiments dans un instantané qui est celui de la dernière phase d’occupation.
Quelle est la cause de cette destruction, il n’est pas possible pour le moment de le déterminer.

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Embonne – Pas vraiment un comptoir lagunaire, mais un site largement attaché à Agde

Le site d’Embonne a suscité l’intérêt depuis le XIXème siècle. Tout d’abord perçu comme l’emplacement de la ville antique d’Agde, l’hypothèse a été abandonnée en 1938 période à laquelle des sondages ont été réalisés en centre-ville et ont révélé la ville antique sous la ville actuelle. Les recherches autour d’Embonne n’ont pour autant pas cessées et c’est dans les années 40 que son interprétation est alors avancée : Embonne est une vaste zone d’extraction du basalte avec pour principale activité la confection de meules rotatives. Plus récemment des fouilles exhaustives ont été réalisées sur le site de 1986 à 1994 sur près de 2 ha permettant de mieux appréhender ces structures.

Le site est occupé de manière constante entre le IIe siècle avant J.-C. et le haut moyen-âge. Durant cette longue période le bâti ne cesse d’évoluer. Deux périodes d’occupations font sa particularité.

Au II-Ier siècles avant J.-C. se développe dans la campagne agathoise de nombreuses fermes à vocation viticole. Embonne s’insère dans cette dynamique avec sa propre spécificité : l’exploitation du basalte. Des meules rotatives servant à moudre le grain sont fabriquées sur le site et destinées à être commercialisées dans tout le Sud de la Gaule.

A partir du Ve siècle la villa reprend de l’importance, la fabrication de meules rotatives est alors abandonnée et fait place à des activités maritimes et d’élevages. Durant l’Antiquité tardive, l’émergence de l’évêché (concile de 506) a pu re-dynamiser l’établissement rural d’Embonne et ainsi favoriser le développement d’une petite agglomération.

Céline Gomez-Pardies, archéologue CAHM

sources : Bermond Iouri, Pomarèdes Hervé, Rascalou Pierre. Evolution des centres de production et pôles de peuplement dans la vallée de l’Hérault. Les exemples d’Embonne (Agde) et Peyre Plantade (Clermont-l’Hérault). In: Revue archéologique de Narbonnaise, Tome 35, 2002. pp. 241-258

Pourquoi n’ai-je rien dit sur le site d’Agde ?
Tout simplement, mis à part le site de La Motte (à l’embouchure de l’Hérault), de l’époque du Bronze, les vestiges existants sont sous la ville d’Agde et que peu d’informations sont disponibles.
Pourtant Agde, situé sur l’Hérault, par sa situation à mi-distance entre Empuniès, un des plus important comptoir de la côte Espagnole (baie de Rosas) et Massalia, devait être un centre important de transit et de commerce.
Différentes options ont été évoquées, dont un bras de l’Hérault, ou un chenal, contournant le volcan d’Agde, et donnant un accès direct à l’étang de Thau, mais rien à ce jour pour le conforter.

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Oppidum et comptoir lagunaire de Lattara

Depuis le VIIe siècle avant notre ère, le site de Lattara est occupé.
Déjà à cette époque des échanges commerciaux existaient entre les populations indigènes et les navigateurs.
C’est à la fin du VIe siècle que l’édification d’un rempart monumental marque le début de la cité.
Celui-ci bordant les deux bras du Lez forme une avancée en presqu’île dans la lagune, aujourd’hui asséchée par les apports d’alluvions.
A cette époque un vaste plan d’urbanisme est mis en place. La ville, après le départ des Étrusques entretien des relations commerciales avec les Grecs et devient un élément essentiel des échanges culturels et commerciaux.
A partir du Ve siècle, le vin occupe alors une place prépondérante dans les productions et exportations.
Le côté cosmopolite permet des échanges d’acculturation avec le développement des monnaies, des modes de consommation et des techniques architecturales.
A partir du IIe siècle, avec la romanisation, la cité est incluse dans la Narbonnaise. En 49 avant notre ère elle est un oppidum latinum de Nîmes.
Le Haut Empire demeure une phase d’occupation intense du site portuaire.
Pour les périodes plus récentes, les décapages dus aux différents travaux de construction et d’exploitations agricole laissent un vide d’interprétation.
De toutes façons, le comblement progressif des lagunes par les apports d’alluvions scelle la fin de la vocation maritime de Lattara.

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Le Mas Desports :
un établissement portuaire antique et médiéval

en petite Camargue

Une première occupation reconnue remonte à la période du Néolithique moyen, puis est resté en sommeil plusieurs siècles.
Il se situe sur une petite zone en surélévation en bordure de l’ancien rivage de l’étang de la « Corne d’Or ».
L’important site archéologique est situé sur la commune de Marsillargues, au sud du domaine agricole actuel du même nom.
Le site sera vraiment investi à partir du dernier quart du IIe siècle avant notre ère, jusqu’à la fin du IIe siècle après J.C., donc beaucoup plus récemment que les autres comptoirs lagunaires.
Au IIIe siècle, l’espace occupé semble couvrir une zone plus réduite.
Malheureusement, en 1967, les travaux de la route reliant Lunel à la Grande-Motte on traversé le site, sans prospection préventive préalable et ont mis à mal les possibilités d’investigation. Ce sera confirmé par les fouilles effectuées en 1987 et 88, qui ont fait apparaître son importance.
Le rôle portuaire du Mas Desports est confirmé par l’importance du mobilier d’importation découvert, ainsi que sa situation en bordure de lagune et à l’embouchure du Vidourle.
La période d’activité la plus importante semble se situer à la fin du Ve et au début du VIe siècle. L’activité persistera toutefois jusqu’au VIIe siècle et se terminera courant du VIIIe.

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Le comptoir lagunaire d’Espeyran
ou peut-être Rhodanousia ?

Ce comptoir lagunaire a été daté des environs de 525 avant notre ère. VIe siècle, comme les autres établissements, y compris Théliné, dixit Arles, dernier maillon de la chaîne vers le Rhône.
Observation étonnante, la prédominance, à partir du Ve siècle de l’emploi de la brique dans les constructions, contrairement aux autres sites, pour la même période.
Cet emploi est toutefois présent sur certains sites, mais dans la période archaïque, soit VIIIe et VIIe siècle.
Espeyran se situe sur la commune de Saint-Gilles, sur une langue de terre en avancée dans les marécages, un peu au sud du château d’Espeyran.
Cette zone est dénommée l’Argentière, à cause de la quantité de monnaies découvertes.
Le site s’étend sur plusieurs hectares, sur lesquels de nombreux restes antiques ont été trouvés.
Signalés au début du XXe siècle, il n’a, alors, pas fait l’objet de recherches plus approfondies.
Ce sera Guy Sabatier d’Espeyran qui, prenant conscience de l’intérêt du site, fera cesser toute l’exploitation agricole sur la zone la plus élevée du site.
C’est sur cette zone qu’un sondage sera effectué en 1961. Il attira à nouveau l’attention des services archéologiques en mettant au jour des constructions d’époque romaine.

Afin de protéger définitivement cet espace de grand intérêt, il fera don en 1964 de l’ensemble du domaine, y compris le château, aux archives de France, avec les objectifs de protection archéologique, de conservation du patrimoine historique de la biodiversité du parc et de faire du domaine un centre de conservation des archives nationales de micro-films et par extension aujourd’hui des données numérisées.

Ce sera en 1969 que sera entrepris une prospection magnétique, dans le but de déterminer l’extension du gisement.

Au vu des résultats, une campagne de sondages stratigraphiques sera initiée de 1969 à 1975.
Celles-ci donneront pour résultat par moitié des restes de l’époque romaine et par moitié des éléments pré-romains.

Les éléments relatifs à l’époque pré-romaine ont permis de déterminer une occupation depuis l’âge du fer, VIe siècle avant notre ère, avec découverte d’une grande quantité d’éléments d’origine diverses.
Les couches stratigraphiques supérieures montrent une occupation continue à travers les siècles, avec à chaque fois un matériel important, déterminant par leur diversité une activité commerciale intense.
La richesse du site à permis à certains d’estimer que ce comptoir lagunaire pourrait être Rhodanousia, une cité nommée dans les textes anciens, mais jamais jusqu’alors, ni située, ni découverte. Cette presque affirmation a provoqué des débats, certains, lors de la découverte du site du Cailar pensant que ce dernier pourrait lui même être Rodanousia. La seule quasi certitude, c’est sa situation à proximité du Rhône.
Le site d’Espeyran n’est pour le moment plus fouillé et non visitable, car recouvert.

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Représentation du delta du Rhône et de ses anciens bras

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Contexte géographique
des sites lagunaires de petite Camargue

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Sources

Pour Pech-Maho : Eric Guilledrat, directeur des fouilles

Pour Embonne : Céline Gomez-Padiès, directrice des fouilles et revue archéologique Narbonnaise 2002

Pour Lattara : Michel Py, Dominique Garcia directrice des fouilles et Henry Garcia, ainsi que pour port Ariane, Isabelle Daveau

Pour le Mas Desports : Revue archéologique Narbonnaise de 2016. Corine Sanchez et Marie-Pierre Jézégou, directrices des fouilles

Pour Espeyran : Revue archéologique Narbonnaise de 2011. Michel Christol, Emilie Compan, Réjane Roure, Maxime Scrinzi, Christophe Vaschalde