Il n’existe que peu d’ouvrages antiques sur la construction des aqueducs et ceux dont nous disposons sont souvent des compilations de notes originelles récupérées parmi des documents anciens, reproduits par des non spécialistes ; leur authenticité n’est pas toujours bien établie. Les textes de Vitruve, de Pline le naturaliste ou de Frontin sont parmi les plus connus ; ils furent diffusés en Italie, à partir de 1486, grâce à l’invention de l’imprimerie en Occident.
Vitruve et son œuvre De Architectura
Architecte romain, né vers 90 avant J.-C. et mort vers 15 avant notre ère, Vitruve était contemporain de César et des débuts de l’empereur Auguste.
Savant, homme complet, il était aussi ingénieur militaire, dessinateur, géomètre, historien, géographe, musicien, médecin, juriste, astronome. Tout son savoir était consigné dans ses notes écrites en latin et rassemblées en dix volumes sous le nom de De Architectura, « Au sujet de l’architecture ». L’ouvrage comporte dix livres dont chacun est précédé d’un préambule et traite de l’organisation urbaine, des techniques d’édifications et matériaux, des temples et ordres architecturaux, des édifices publics et privés, des parements et décoration, de l’hydraulique, des cadrans solaires et de la gnomonique, de la mécanique (construction de grues, machines hydrauliques et de guerre). Le livre VIII- traite de l’eau.
Ce qui caractérise Vitruve c’est la part qu’il accorde à la théorie, à la pratique, au bon sens et à son intuition. Aux théories savantes il juxtapose des idées fantaisistes ; il conseille par exemple au sourcier, chercheur d’eau, de « s’allonger , la mâchoire au sol, avant que le soleil ne se soit levé […], le menton fermement appuyé sur la terre […], puis dans les endroits où l’on verra des vapeurs qui ondoient et s’élèvent dans les airs, c’est là qu’il faut creuser » (VIII, I)
Intérêt de ce livre.
Écrit en latin, unique en son genre, il était dédié à l’empereur Auguste qui ambitionnait de rénover les établissements publics de Rome. Il nous informe sur les techniques antiques, sur les théories et sur les exigences : Firmitas (solidité), utilitas (utilité), venusta (esthétique, beauté)».
La vallée de l’Eure et De Architectura
Au cours de cette promenade de découverte nous avons observé au fond d’une vallée profonde, creusée en 3 millions d’années, en pleine garrigue, par la rivière Alzon, une source d’eau claire, abondante, d’un fort débit, bordée de puissants platanes à l’ombre desquels paressent des cygnes majestueux. Bordée de platanes de plus d’un mètre de diamètre, on se trouve transporté sur des terres semblables à celles que décrit Vitruve dans le livre VIII de De Architectura. Il manque cependant un critère, « cette source est-elle située à un niveau altimétrique supérieur à celui de la ville de Nîmes qu’elle était censée approvisionner ; la topographie entre Uzès et Nîmes le permettait-elle ? Un essai de réponses à ces questions a été proposée au cours d’une conférence en fin d’après-midi.
Le contenu du livre VIII
1. Conseils pour chercher l’eau,
2. Notices météorologiques et hydrographiques,
3. Qualités particulières des eaux,
4. Appréciation de la salubrité des eaux,
5. Le nivellement,
6. Adduction et captage des eaux.
Documentation
1-Documents anciens
- De Architectura livre VIII, Vitruve- traduction Louis Callebat, Collection des Universités de France, 1973
- Les aqueducs de la ville de Rome, Frontin, traduit par Pierre Grimal, 1961
- La Dioptre d’Héron d’Alexandrie (Colloque international de Saint-Etienne), 1999
2-Documents récents
- Le Pont du Gard, Collectif sous la direction de Guilhem Fabre, Jean-Luc Fiches, Jean-Louis Paillet CNRS , 1990
- Le pont du Gard, Emile Espérandieu, 1926
- Les Carnets du pont du Gard– Document interne à l’association « Académie Pont du Gard », février 2020
L’aqueduc du Pont du Gard- Huit itinéraires de découverte d’Uzès à Nîmes, Claude Larnac et François garrigue, (4è édition), Les Éditions de la Fenestrelle, 2016
À l’ombre du gnomon, les instruments de mesures antiques, Claude Larnac, Éd. de la Fenestrelle, 2019.