Le problème de l’eau à Nîmes

L’eau est un élément fondamental. La matière vivante en contient près de 90 %. Il serait toutefois erroné d’envisager le problème de l’eau à l’époque romaine de la même façon que nous pourrions l’envisager de nos jours. Pour nous, aujourd’hui, la situation est critique puisque les réserves naturelles d’eau douce  sont inférieures à 1 % du potentiel total de l’eau sur la terre – et que dans les pays dits civilisés, le gaspillage atteint des records : un Africain consomme moins de 10 litres d’eau par jour, un Parisien (citadin européen) 240 litres, un Américain, plus de 600 litres.  De plus certains pays du proche Orient dépendent de leurs voisins, en amont, ce qui peut provoquer des tensions et des conflits.
Ces prémices posés, la question de l’eau à Nîmes à l’époque romaine se décline en deux temps : l’eau dans la ville et l’eau à Nîmes.

L’eau dans la ville, à l’époque romaine

Cette question a été abordée dès l’Antiquité – Vitruve par exemple : livre VIII de « De l’architecture« – et récemment par des contemporains locaux1. La gestion de l’eau a posé problème dès que l’homme devenu cultivateur-éleveur  s’est organisé. Il a dû capter l’eau qui ne tombe pas du ciel quand il veut et où il veut, la stocker, la conduire  sur les lieux de son utilisation. Il a dû aussi apprendre à s’en protéger, tout cela dans la mesure du possible, s’il en est capable, s’il dispose de techniques suffisantes et s’il sait se faire représenter.

Comment se posait le problème de l’eau à Nîmes ?

Le sous-sol de Nîmes, située à la charnière des Cévennes et de la plaine du Vistre, est gorgé d’eau. 62 puits romains répertoriés, une dizaine de sources, dont la célèbre Fontaine de Nîmes et à proximité un potentiel hydraulique important : le Rhône, le Gardon, la Fontaine d’Eure au sud d’Uzès2.
La principale source qui alimentait Nîmes était la Fontaine, pérenne, dont l’eau était réputée de très bonne qualité3. Mais puiser l’eau avec des seaux n’est pas facile ; il est préférable de remplir ses cruches à des bornes-fontaines ou au robinet de son évier, ce qui suppose l’existence à proximité de sources produisant de l’eau de bonne qualité, toute l’année, situées à plus haute altitude 4 et un contexte topographique entre la source et la ville qui rend possible  la construction d’un aqueduc. A cela il faut s’assurer de moyens financiers suffisants.

  • Or des sources existaient ;
  • Sur le plan technique, les ingénieurs romains bénéficiaient d’une expérience vieille de plusieurs siècles ;
  • Ils disposaient semble-t-il d’appuis politiques (le curateur des eaux, nîmois,  Domitius Afer, l’empereur d’origine gauloise, Claude) ;
  • … et financiers : de généreux évergètes (futurs candidats à des postes élevés) avaient besoin de faire parler d’eux ;
  • La topographie entre Uzès et Nîmes rendait le projet réalisable.

On peut, moyennant bien des hypothèses, affirmer- puisque l’aqueduc vit le jour et a fonctionné, des dépôts de cinquante centimètres de concrétions l’attestent- que le projet a abouti.

Pour en savoir plus : ouvrages indiqués en note 1.

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  1. Les Romains et l’eau, A. Malissard,  Les Belles Lettres, 2002 ; L’eau à Nîmes,  G. Fabre, J.-L. Fiches, j.Pey, Presses du Languedoc, 1994 ; Nîmes romaine et l’eau, A. Veyrac, Ed. CNRS, 2006 []
  2. Ces quatre sites, potentiels hydrauliques, sont représentés par les quatre naïades qui entourent la statue de l’esplanade à Nîmes []
  3. il n’en est plus de même, une des branches qui l’alimentent reçoit les eaux d’infiltration de la déchetterie de la route de Sauve []
  4. la notion d’altitude liée à une origine n’existait pas à l’époque romaine, mais on savait apprécier une dénivelée []
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