L’aqueduc d’Uzès à Argilliers

Mots-clés- sondages, chanfreins, concrétions, boulidous, avant-bec, arrière-bec, grand appareil Voir lexique.

I- L'aqueduc d'Uzès à Bornègre
Localisation du gouffre . Coordonnées : (X = 771,7 ; Y = 3 189,5).
Bornègre est un lieu-dit dont le nom s’applique à l’ensemble des curiosités qui le composent : un gouffre, une source intermittente, le torrent sur lequel elle débouche, le pont-aqueduc sur ce torrent et la section d’aqueduc souterrain située à 50 mètres en amont du pont. Le tout réparti au fond d’un vallon sur 300 mètres au plus. Visiter Bornègre, c’est visiter cet ensemble.
Itinéraire d’accès. Uzès, Saint-Siffret, Saint-Maximin, Bornègre (10 kilomètres).
Origine du nom. Bornègre est donc un trou noir, un tuyau de fontaine noir.

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Après Saint-Siffret, la D 305 s’engage dans un espace apparemment sans caractère. Et pourtant … Au fond d’un vallon, côté sud, dans cette garrigue austère, couverte de maigres taillis, crevassée par une vingtaine de mines de phosphates abandonnées, profondes et dangereuses, ravinée par quelques combes, surgit le gouffre de Bornègre que mettent en eau les longues pluies torrentielles de l’automne. Nous descendons sur Saint-Maximin, élégant village rendu célèbre par le séjour de Jean Racine chez son oncle, le chanoine Sconin. Nous rejoignons la grande route, la D 981 que nous suivons pour atteindre Bornègre.Tronçon d'aqueduc au Domaine de l'Aqueduc à saint-Maximin

Tronçon d’aqueduc au Domaine de l’Aqueduc à Saint-Maximin

Entre Saint-Maximin et Pont-des-Charrettes, au domaine dit de l’Aqueduc, un tronçon d’aqueduc de quelques mètres a été mis au jour récemment. Détour intéressant- Demander l’autorisation aux gérants du domaine qui, par ailleurs, tiennent un caveau de vins d’excellente qualité.

 

Le sondage des Arabades– Sortant de Saint-Maximin, nous poursuivons la D 305, après le “ stop ”, dans le village. A 500 mètres, à la hauteur d’un carrefour, nous la quittons et bifurquons à gauche dans la D. 365 (Chemin du Castagnier) qui rejoint aussi la D 981. 120 m avant de l’atteindre, un chemin part sur la gauche (Chemin de la Tuilerie). A quelques pas dans le talus, on découvre ce sondage au milieu des hautes herbes. On distingue tous les éléments caractéristiques de l’aqueduc : les piédroits, le mortier de tuileau chanfreiné, des concrétions terrigènes (inorganisées), la naissance de la voûte.

Le regard des Cantarelles, 150 m plus loin, à gauche à 15 m du chemin un regard sur l’aqueduc-récemment restauré. Ce regard mérite un arrêt, ses éléments sont bien visibles. Plus loin, du même côté, mais en retrait, sous un énorme chêne blanc, à l’aplomb d’une ligne électrique à haute tension, aux Béringuières, un fragment d’aqueduc qui ne présente pas d’intérêt.

Pour atteindre Bornègre, nous empruntons la D 981 jusqu’à son intersection avec la D-3 bis à 1,5 km. Nous prenons à gauche cette D 3 bis en direction de Boisset-Argilliers et la suivons jusqu’au virage, à 250 m. A la hauteur du virage nous l’abandonnons et empruntons le chemin de terre et notre voiture. 500 m à pied pour atteindre le pont de Bornègre.  

Le gouffre
Pièce maîtresse du site. Pour l’atteindre, suivre un sentier qui monte parallèlement au lit du torrent. Bornègre est une source intermittente, issue d’un réseau souterrain alimentée par un siphon qui s’amorce après des pluies torrentielles et prolongées.
Cet exutoire est précédé d’une salle de quatre mètres de haut sur deux de large, difficilement accessible pour des amateurs non équipés.
Le plateau au-dessus est parsemé d’une vingtaine de mines de phosphates qui ne sont plus depuis 1923.

Le torrent
Ce torrent presque toujours à sec recueille toutefois les eaux du gouffre de Bornègre et du ruisseau temporaire de Picouvert qui descend du plateau de Saint-Siffret. Presque toujours à sec, sauf par temps de pluies où il développe une force considérable dont les Romains ont tenu compte lorsqu’ils ont construit le pont qui le franchit.
On compte une douzaine de boulidous, petites sources temporaires, écumantes qui s’amorcent aux abords du grand gouffre en périodes pluvieuses.

 Le pont de Bornègre
Trois arches supportaient l’aqueduc aujourd’hui disparu. Seule l’arche centrale est dégagée. L’arche d’aval (côté Argilliers) est bouchée par des détritus terreux, l’arche d’amont (Saint-Maximin) est colmatée par des concrétions qui se sont formées autour des fuites d’eau dues aux piqûres pratiquées dans les parois de l’aqueduc à l’époque de son abandon (après le IIe siècle). 

Les piliers de l’arche centrale sont protégés en amont par de puissants avant-bec montés en grand appareil, triangulaires, capables de résister aux chocs violents causés par la pierraille charriée par le torrent en crue. Ils sont renforcés en aval par deux arrière-becs à section rectangulaire (seuils ceux de la rive gauche sont nettement visibles). Quelques claveaux numérotés traduisent le soin apporté à la construction.
Plus en aval du pont, sur la rive droite, on peut voir des dalles romaines utilisées par les cultivateurs pour renforcer la rive.
Le pont est à l’abandon. Les pierres de l’aqueduc ont été récupérées. Ouvert au passage, il a été marqué d’empreintes profondes par les roues des chars et les pieds des chevaux.

La tranchée couverte 
En amont du pont, du côté de la rive droite du ruisseau, à cinquante mètres de l’ouvrage, l’aqueduc apparaît, semblable à un tunnel. Il s’agit d’une portion du canal construite au fond d’une tranchée fermée par une grille et recouverte de terre. Sur les parois on observe les éléments déjà remarqués, piédroits en pierre, mortier de tuileau, pellicule superficielle rouge, mais en plus des dépôts calcaires. C’est à partir de Bornègre que le phénomène des concrétions s’accentue car jusque-là le calcaire n’a pas eu le temps de se déposer.

 

II- L'aqueduc de Bornègre à Argilliers
De Bornègre à Argilliers. L’aqueduc est souterrain et n’apparaît sous aucune forme jusqu’au carrefour du Mas des Chèvres, à Vers-Pont du Gard. Venant de Bornègre, on évoque à 500 m à droite, sur la route D 3 bis, l’existence passée d’un habitat gaulois d’Arnès, mentionné dans les cartes routières. Il ne reste que quelques grosses pierres rassemblées au bord de la route.

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